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vendredi 9 septembre 2016

Moussa Cissé, un jeune écrivain malien témoin

Moussa Cissé à gauche sur la photo
PORTRAIT: 
Ecrire est une vocation pour lui. Le jeune Moussa Cissé met en œuvre ses propres vécus dans ses ouvrages et incite la jeunesse à écrire.

« J’ai franchi le cap de la mort », affirme le jeune écrivain avec une voix tremblotante. Moussa Cissé se souvient de son arrestation par la police islamique de Tombouctou lors de l’occupation du nord. Il interrompt sa parole et baisse son regard. Puis, quelques secondes, il ajoute : « Les jihadistes m’ont arrêté parce qu’ils pensaient que j’étais envoyé par les autorités maliennes pour les espionner ». Finalement, grâce un de ses anciens camarades, il est libéré.  

Moussa Cissé se sert de cette scène pour rédiger son ouvrage : « Les Délires du pouvoir : mourir au Djihad, un rêve sans précédent ». Moussa Cissé, 29 ans, des événements dans ses ouvrages auxquels il a assisté. Le jeune homme essaie de mettre en scène des personnages réels. « Je suis un écrivain témoin. Comme une caméra, je montre et relate mes vécus dans ses productions. Donc, j’écris sur des faits réels », précise-t-il en se redressant de son fauteuil.

De teint clair, cheveux en broussailles, barbiche, Moussa Cissé figure parmi les jeunes écrivains maliens. Son quatrième ouvrage, « Les brouillons de la République » est en phase de rédaction. Ce livre dénonce les hommes politiques insoucieux du progrès de l’Etat. Souriant, balafres, il porte un bracelet en argent au bras gauche. Moussa Cissé entend mettre en place prochainement une maison d’éditions pour inciter les jeunes à produire. « Nous, jeunes, avons un devoir de rendre compte de vos vécus aux futures générations », lance-t-il avec insistance.

Sa carrière d’écrivain, il l’a entamée en 2012 pendant ses études à l’Université de Bamako. Très posé dans ses paroles, le jeune écrivain a trois ouvrages numériques et papier: « Les Délires du pouvoir : mourir au Djihad, un rêve sans précédent », « Le mirage de l’exil » et « Ibrahim Boubacar Keita : la force d’une conviction ». De tous ces écrivains en Afrique, il préfère Camara Laye pour sa façon d’aborder les sujets africains. Moussa Cissé, mince et taille moyenne, écrit tard dans la nuit enfermé dans sa chambre. Il envoie ses manuscrits par courriel à son éditeur qui le publie après correction. Le livre est mis en ligne. Puis, la maison d’édition lui envoie un exemplaire papier.

Lorsqu’il aborde la littérature, il s’exprime avec passion. Lunettes bien posées sur son nez, assis derrière une table en bois, le téléphone vibre. Il le raccroche. Puis, il l’éteint. Habillé en chemise noire et jean, montre au bras droit, sac à dos à côté, il se réajuste un peu. Dans une salle du Centre national des examens et concours, son lieu de travail, quatre ventilateurs sont en marche. Bruit léger du vent çà et là, climatiseur suspendu au mur. Soudain, on frappe à la porte. Moussa Cissé ne répond pas. La porte s’ouvre aussitôt. Trois femmes, deux en bazin bleu et l’autre en wax noir, entrent et passent pour accéder à une autre salle à côté.  Le jeune écrivain les salue et continue avec sa passion : l’écriture. « J’écris pour rendre compte de mes vécus aux générations actuelles et futures », affirme-t-il tout souriant.

Originaire de Ségou, Moussa Cissé connaît aussi bien le nord du Mali. Il se secoue légèrement dans son fauteuil. « Je suis un Malien sud-nord. Je suis né à Djiré à Ségou. A 11 ans, je rejoins ma grand-mère à Tombouctou au nord du Mali », informe-t-il. Après ses études primaires à l’Ecole Alpha Bawandiam Cissé, ses études fondamentales à l’Ecole Bagna Touré de Djiré, il obtient son baccalauréat au Collège Bocar Cissé de Niafunké à Tombouctou avant de sortir de l’Université avec une Maîtrise en Sciences de l’éducation.

Ecrivain, le jeune Moussa Cissé est aussi un habitué des associations. Leader de mouvements de jeunes, il est membre de l’association « Au cœur de l’école », une organisation pour stabiliser le système éducatif scolaire et universitaire.

Biographie

14 février 1985 : naissance à Ségou
2001 : admission au DEF
2004 : admission au Bac
2012 : « Les Délires du pouvoir : mourir au Djihad, un rêve sans précédent »
2015 : « Ibrahim Boubacar Keita : la force d’une conviction »

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