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lundi 14 avril 2014

Conflit en Casamance au Sénégal: une crise aux causes profondes et complexes

Moustapha Guèye, enseignant au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) de Dakar a qualifié du conflit en Casamance (Sénégal) de complexe. Selon lui, c’est un conflit aux causes multiples et croisées. Il l’a dit lors de sa communication sur la prévention et la résolution des conflits au Sénégal, samedi passé à la Fondation Konrad Adenauer (Mermoz-Dakar) au séminaire sur la gestion et la prévention des conflits, organisé par la Jeunesse Etudiante Catholique.

Le conflit qui perdure en Casamance au Sénégal était au centre des débats lors du séminaire sur la gestion et la prévention des conflits au Sénégal en particulier et en Afrique en général. Moustapha Guèye, dans son exposé, s’est fondé sur trois axes pour expliquer les causes de cette crise qui a commencé en 1982. Selon lui, celles-ci sont profondes et complexes. Elles sont aussi multiples (historiques, juridiques). Pour lui, le foncier avec l’application de la loi sur le domaine national en est une cause. L’ensemble de ces causes, d’après le professeur en communication, ont entraîne des frustrations chez les populations. 

Outre, il a indiqué que les causes précises sont difficiles à cerner. Cela s’explique par l’insuffisance de données informationnelles. « Pour cerner le conflit dans son ensemble, il est nécessaire de renforcer et de multiplier les données informationnelles et d’identifier les acteurs pour mettre l’information sur la place publique », a-t-il proposé. Pour les obstacles, M. Guèye a affirmé qu’avant « Il y a le refus de l’Etat de négocier car il était opposé à toute idée d’indépendance. La paix ne peut pas se construire en l’absence de véritables négociations. Constant, le conflit reste toujours latent. »

Les stratégies de communication adoptées au fil des années devant cette situation sont multiples. D’après Moustapha Guèye, la méthode socialiste entre 1982 et 2000 a consisté à se taire et manipuler l’opinion publique.  Ainsi, l’information est devenue un sujet tabou. Le professeur n’accuse cependant pas les journalistes.  Autre stratégie adoptée par l’Etat, c’est la banalisation du conflit par les médias étatiques jusqu’en 1991. Selon M. Guèye, il y a une absence de débat public qui a constitué un obstacle au processus de paix.

Plusieurs leçons sont à tirer selon le professeur. Elles sont entre autres la connaissance du contexte historique, politique et socioculturel du conflit, la connaissance des causes apparentes et profondes, la connaissance des acteurs du conflit. Il a proposé aussi une bonne définition de la nature du conflit, une bonne connaissance des ressources endogènes de résolution des conflits. Pour Moustapha Guèye, il faut une éducation à la citoyenneté et à la culture de la paix en milieux scolaires et estudiantins.


Dans les débats, plusieurs interventions ont porté sur les propositions de solutions de la résolution du conflit. « En tant que le conflit est national, il n’aura pas de solution. Il faut une implication des communautés régionales. Il est aussi important de mettre un terme au commerce de la guerre », a souligné M. Ndong, professeur à l’Ucad. Pour M. Benga, professeur au département d’histoire à l’Ucad, les débats de ce séminaire n’intéressent pas les politiques. « Ce conflit ne peut pas rester dans le cadre du Sénégal. Il faut que l’on sorte de cette approche politique politicienne. Si vous ne pouvez pas construire la culture de la paix dans votre espace universitaire, vous ne pouvez pas la construire ailleurs », a-t-il plaint.  

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