Les pays industrialisés ont pris
l’engagement, depuis maintenant deux décennies, de mobiliser des fonds pour
les pays en voie de développement,
victimes de la pollution. Ils alimentent par an un Fonds vert pour le climat à
travers des contributions.
Pour faire face à la lutte contre
le changement climatique dans les pays africains, un nouveau mécanisme a été
mis en place. Il s’agit du Fonds vert pour le climat. Grâce à ce fonds, les
pays développés notamment industrialisés s’engagent à mobiliser 100 milliards
de dollars américains par an d’ici 2020 à l’endroit des pays en voie de
développement. Ce financement pour le climat est parti d’un constat. « Depuis 1992 (Ndlr, Conférence de Rio) et
bien avant cela, il y a eu une effervescence au niveau international qui a été
surtout le fait d’intellectuels qui ont réfléchi sur le devenir du globe pour
que les gens prennent conscience progressivement des questions liées à
l’environnement comme un élément important du développement», rappelle
Moustapha Sène, enseignant d’environnement.
La COP tenue à Copenhague
au Danemark a jeté les bases de la volonté politique de créer le fonds vert
pour le climat. C’est là que les pays riches, conscients de leurs émissions de
gaz à effet de serre, ont pris l’initiative à la prochaine conférence en 2010
au Mexique de financer des actions dans les pays en développement dans le cadre de l’atténuation
et l’adaptation au changement climatique. « C’est après la conférence de Copenhague en 2009, explique M. Sène, qu’il y a eu Cancun qui a tenté de
réajuster les actions et on est arrivé à la création de ce fonds vert. Il était
question que les pays développés s’engagent à financer à hauteur de 30
milliards de dollars pour la période 2000-2010 et s’engageaient du coup à
mettre 100 milliards de dollars américains d’ici 2020. » Mais à
l’origine, les pays africains ont réussi à convaincre les grands pays
industrialisés en tant que pollueurs à assurer leur responsabilité dans la
gestion du climat.
Quant aux financements de ce fonds
vert, le Rapport 2014 du Comité permanent de la Convention cadre des
Nations-Unies pour le changement climatique sur les financements informe que
sur la période 2010-2012, le montant des financements « climat » des
pays développés vers les pays en développement s’est élevé entre 40 à 175
milliards de dollars par an.
Parallèlement à ce fonds à
l’échelle planétaire, il existe un autre mécanisme de financement pour le
climat au Sénégal: le fonds national climat (FNC). Ce dernier, mis en
place par le ministère de l’environnement et du développement durable du pays à
travers la direction de financements verts et des partenariats et le comité
national changements climatiques, vise à mobiliser des ressources financières en
vue de lutter contre le changement climatique au Sénégal. « Le Sénégal a été un des tout premiers pays
dans le cadre du fonds d’adaptation à être éligible au programme d’adaptation.
Il y a eu un grand projet d’adaptation sous le régime Wade compte tenu de son
expertise, sa diplomatie et sa gestion d’environnement. Le Sénégal a été
toujours parmi les pionniers sur les questions liées à l’environnement d’une
manière générale et à la problématique climat », explique Moustapha
Sène.
Le Fonds national climat doit
mobiliser 60 millions de dollars soit plus de 36 milliards de francs par an
pour financer les actions climat. Le Conseil de suivi écologique (CSE) a été
accrédité comme l’entité nationale chargée de la mise en œuvre de ce fonds pour
la mobilisation des ressources. A côté du Fonds vert pour le climat (FVC), le
Fonds national climat (FNC) permet au Sénégal de faire face davantage aux
problèmes d’érosion côtière, d’inondations et aux intempéries et entre autres. «On ne dira pas seulement qu’on mobilisera
ces fonds au niveau international mais ça peut être au niveau interne
c’est-à-dire local pour cordonner et regrouper l’ensemble des ressources
financières destinées à lutter contre le changement climatique, Aliou
Diouf, géographe et chargé de programmes à Enda Energie. « Le fonds vert pour le
climat, ajoute le géographe, est
important pour les pays africains notamment pour le Sénégal car ces pays ne
sont pas pollueurs mais victimes. Donc, ils ont impérativement besoin de
s’adapter au changement climatique. Ce besoin d’adaptation a des coûts.
Ceux-ci, il faut les chercher. Et justement le Fonds national climat fait
partie des dynamismes pour bénéficier de ces coûts.»
Pour la mobilisation des ressources
pour l’alimentation du fonds national, le champ d’application doit être large.
« L’Etat est le principal pourvoyeur
de fonds destiné à faire face au changement climatique. A côté de celui-ci,
qui, en mon avis a les moyens assez faibles pour les actions d’adaptation et
d’atténuation, il y a la société civile. Il reste à mieux impliquer le secteur
privé national et d’autres secteurs privés au Sénégal. Tous ces secteurs
peuvent aider à s’adapter et atténuer le changement climatique», propose
Aliou Diouf.
"Le groupe Afrique à la COP de Paris doit exiger une feuille de route claire pour l’atteinte des 100 milliards et sur les financements pour l’après 2020."
A la COP21 à Paris, la question sur
les financements du Fonds vert pour le climat (FVC) sera débattue. Selon
Mariline Diara, directrice de l’environnement et des équipements classés (DEEC)
du Sénégal, l’ensemble des pays du Nord, grands émetteurs de gaz à effet de
serre (GES) doivent contribuer davantage au Fonds vert climat et financer
l’adaptation. « Les négociations, le
plus souvent, échouent. Les budgets des pays africains ne sont pas consistant
pour prendre en charge les financements. Le groupe Afrique à la COP de Paris
doit exiger une feuille de route claire pour l’atteinte des 100 milliards et
sur les financements pour l’après 2020. L’Afrique a besoin aussi d’un appui
technologique et financier pour une transition vers un développement sobre en
carbone », estime Aïssatou Diouf, environnementaliste.
Le Fonds vert pour le climat est
dirigé par un conseil composé de 24 membres repartis à moitié pour les pays
développés et les pays en voie de développement.
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