La démocratie en Afrique est une émanation
exogène. Ce mot, dont l’origine remonte à l’Antiquité grecque, se voulait pour
mission de donner une certaine organisation et cohésion dans la cité grecque.
Il signifie traditionnellement le pouvoir du peuple, pour le peuple et par
le peuple. Mais de nos jours, il
devient un mot sans réel contenu pour ne pas dire vain. Son implantation sur le
continent africain est récente.
Les conditions lui ayant donné jour remettent en question
son efficacité. Lesquelles sont liées aux nombreux coups d’Etat, aux luttes
ethno partîtes donnant une suprématie et une hégémonie à une ethnie dans la gestion
du pays, les révisions constitutionnelles, les transitions dont les tenants
sont des militaires. Voilà autant de facteurs et d’aspects qui ont précédé
l’avènement de la démocratie sur le sol africain.
L’Afrique, comme l’affirment certains chanteurs et
spécialistes africains, est entrée dans la civilisation universelle, dans
l’histoire du monde en reculant. Et cela en faisant référence à la
« tragédie humaine » qu’elle a subie pendant des siècles. Victime de
la colonisation, de la traite négrière, elle a été et est le fief des hommes
braves et résistants.
Aux indépendances dans les années 50 et 60,
symbole de souveraineté, l’Afrique a pris une autre orientation. Celle des
hommes dont la mission était de construire l’Etat, forger la nation et
impulser l’économie. Tels étaient les objectifs nobles que les leaders
africains s’étaient assignés pour le rayonnement de l’Afrique handicapée par
les maux de son histoire. Partie sur une nouvelle base, elle connaitra plus
tard des changements anticonstitutionnels mettant un frein aux ambitions des
indépendantistes. Kwamé Nkrumah est renversé en 1966 en son absence par les
militaires ghanéens. L’homme qui avait une idée et un esprit panafricanistes
s’est alors exilé en Guinée aux côtés du Président guinéen, Sékou Touré. Au
Mali, Modibo Keita, qui avait des ambitions fondées sur le socialisme comme
porte de sortie de son peuple, se voit renverser, le 19 novembre 1968, huit ans
après l’indépendance du pays, par le lieutenant Moussa Traoré. Et d’autres
coups d’Etat s’en sont suivis en Ethiopie, au Togo, etc.
L’Afrique suit une autre base : celle du plus
fort. Les plus forts se retrouvent alors dans les armées. C’est par les armes
que le pouvoir est conquis dans plusieurs pays d’Afrique. La place est donc
laissée à la force. Fait suite à cela le processus démocratique, qui est
précédé par des transitions démocratiques dans beaucoup de pays. Ces
transitions ont donné place à l’instauration de la démocratie.
Elle s’installe dans plusieurs pays. Les critères
recommandés ou du moins ce dont veulent les populations et les hommes de la
nouvelle classe dirigeante sont le respect des libertés fondamentales,
l’alternance au pouvoir, le multipartisme. Dans certains pays, elle s’installe
par des violences et dans d’autres par des concertations nationales.
Voici qu’après cinquante ans de prétendue
souveraineté internationale, les pays d’Afrique sont encore malades. Malades de
la soif du pouvoir et du respect des engagements tenus par ses Dirigeants avant
d’arriver au pouvoir. Les pays souverains de la troisième vague, notamment
l’Afrique, s’engouffrent dans les bouleversements anticonstitutionnels.
Hautement dit les coups d’Etat s’amplifient. Au Mali, à Madagascar, en
Centrafrique, en Guinée Bissau, le pouvoir a gagné le cœur des militaires.
Ainsi, n’est-il pas temps, une urgence, que le
monde africain sache que l’Afrique souffre d’elle-même pour répéter les mots de
Frédéric Pacéré Titenga et qu’il n’y aurait pas d’Etas-Nations comme le
souhaitaient les pères des indépendances.
Si les années 2010 ont vu des bouleversements dans
la gestion démocratique en Afrique, force est de reconnaître que d’autres se
positionnent à l’horizon près. Les remarques sont beaucoup plus notables dans
plusieurs pays subsahariens.
Les Dirigeants de la nouvelle Afrique font
cependant honte aux attentes des citoyens africains. Ils cherchent à se remplir
les poches au lieu de penser à ceux-là qui les ont portés plus haut. L’Afrique,
à n’en pas douter, est un continent omnipotent. On le dit toujours et partout mais
le temps n’est plus aux discours.
Sur ce continent, on ne parle qu’on agisse. Les
Dirigeants sont riches en culture, d’ailleurs pourquoi pas en rhétorique. Ils
captivent par leurs discours qui sont acclamés par tous. Cependant, les
Africains n’ont plus les oreilles pour les écouter et n’ont plus les mains pour
les applaudir. Car ils en ont tant fait.
Afrique, continent berceau de l’humanité, centre
du monde, mère de toutes les grandes civilisations. Edem Kodjo avait-il raison
de montrer au monde entier les potentialités du continent qu’il appelle
charnellement « Afrique-mère ». Tous les Africains en sont conscients
mais elles ne parviennent pas à les exploiter. Elles sont exploitées quand même
par l’extérieur mettant à genou le continent africain qui, au lieu d’être
serveur, est devenu quémandeur. Et pourtant, les Dirigeants africains sont des
intellectuels diplômés de la Sorbonne, Bordeaux III, d’un peu de partout dans
les plus célèbres universités. Mais partout, l’Afrique souffre et sombre
toujours.
Remontant à la royauté, l’Afrique, selon les
multiples études menées, se sentait mieux qu’aujourd’hui. Elle était bien
structurée, harmonieuse, organisée. Les empires songhaï, du Mali, de Ghana pour
ne citer que ceux-là faisaient la fierté africaine.
Aujourd’hui, l’Afrique n’appartient plus aux
Africains et à ses Dirigeants. Cependant, on a tendance à gronder la classe
dirigeante et à tout attendre d’elle. Ceux qui l’accusent, c’est-à-dire, les
Dirigés, sont des citoyens et ont un devoir à accomplir. L’Afrique appartient à
tous les fils de l’Afrique et tous, sans distinction d’âges, de sexes et
d’ethnies doivent œuvrer à son développement endogène.
L’Afrique est loin d’être démocratique comme
beaucoup de continents se le croient alors que la réalité est autre. Ensemble
pour une Afrique unie et prospère !
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