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mardi 7 mai 2013

Démocratie en Afrique : un dîner de Gala.



Après l’avènement de la démocratie en Afrique, son utilisation c’est-à-dire son application mérite une ou deux pages de réflexion. La démocratie, compte-tenu de ses critères fondateurs, constitue, en Afrique, un antijeu. Ce continent est entré dans ce processus politique, selon Samuel Huntington dans son ouvrage, La Troisième vague, dans la deuxième moitié du dix neuvième siècle et appartient à la troisième vague de démocratisation.

La démocratie en Afrique est une émanation exogène. Ce mot, dont l’origine remonte à l’Antiquité grecque, se voulait pour mission de donner une certaine organisation et cohésion dans la cité grecque. Il signifie traditionnellement le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple.  Mais de nos jours, il devient un mot sans réel contenu pour ne pas dire vain. Son implantation sur le continent africain est récente.
Les conditions lui ayant donné jour remettent en question son efficacité. Lesquelles sont liées aux nombreux coups d’Etat, aux luttes ethno partîtes donnant une suprématie et une hégémonie à une ethnie dans la gestion du pays, les révisions constitutionnelles, les transitions dont les tenants sont des militaires. Voilà autant de facteurs et d’aspects qui ont précédé l’avènement de la démocratie sur le sol africain.
L’Afrique, comme l’affirment certains chanteurs et spécialistes africains, est entrée dans la civilisation universelle, dans l’histoire du monde en reculant. Et cela en faisant référence à la « tragédie humaine » qu’elle a subie pendant des siècles. Victime de la colonisation, de la traite négrière, elle a été et est le fief des hommes braves et résistants.
Aux indépendances dans les années 50 et 60, symbole de souveraineté, l’Afrique a pris une autre orientation. Celle des hommes dont la mission était de construire l’Etat, forger la nation et impulser l’économie. Tels étaient les objectifs nobles que les leaders africains s’étaient assignés pour le rayonnement de l’Afrique handicapée par les maux de son histoire. Partie sur une nouvelle base, elle connaitra plus tard des changements anticonstitutionnels mettant un frein aux ambitions des indépendantistes. Kwamé Nkrumah est renversé en 1966 en son absence par les militaires ghanéens. L’homme qui avait une idée et un esprit panafricanistes s’est alors exilé en Guinée aux côtés du Président guinéen, Sékou Touré. Au Mali, Modibo Keita, qui avait des ambitions fondées sur le socialisme comme porte de sortie de son peuple, se voit renverser, le 19 novembre 1968, huit ans après l’indépendance du pays, par le lieutenant Moussa Traoré. Et d’autres coups d’Etat s’en sont suivis en Ethiopie, au Togo, etc.
L’Afrique suit une autre base : celle du plus fort. Les plus forts se retrouvent alors dans les armées. C’est par les armes que le pouvoir est conquis dans plusieurs pays d’Afrique. La place est donc laissée à la force. Fait suite à cela le processus démocratique, qui est précédé par des transitions démocratiques dans beaucoup de pays. Ces transitions ont donné place à l’instauration de la démocratie.
Elle s’installe dans plusieurs pays. Les critères recommandés ou du moins ce dont veulent les populations et les hommes de la nouvelle classe dirigeante sont le respect des libertés fondamentales, l’alternance au pouvoir, le multipartisme. Dans certains pays, elle s’installe par des violences et dans d’autres par des concertations nationales.
Voici qu’après cinquante ans de prétendue souveraineté internationale, les pays d’Afrique sont encore malades. Malades de la soif du pouvoir et du respect des engagements tenus par ses Dirigeants avant d’arriver au pouvoir. Les pays souverains de la troisième vague, notamment l’Afrique, s’engouffrent dans les bouleversements anticonstitutionnels. Hautement dit les coups d’Etat s’amplifient. Au Mali, à Madagascar, en Centrafrique, en Guinée Bissau, le pouvoir a gagné le cœur des militaires.
Ainsi, n’est-il pas temps, une urgence, que le monde africain sache que l’Afrique souffre d’elle-même pour répéter les mots de Frédéric Pacéré Titenga et qu’il n’y aurait pas d’Etas-Nations comme le souhaitaient les pères des indépendances.
Si les années 2010 ont vu des bouleversements dans la gestion démocratique en Afrique, force est de reconnaître que d’autres se positionnent à l’horizon près. Les remarques sont beaucoup plus notables dans plusieurs pays subsahariens.
Les Dirigeants de la nouvelle Afrique font cependant honte aux attentes des citoyens africains. Ils cherchent à se remplir les poches au lieu de penser à ceux-là qui les ont portés plus haut. L’Afrique, à n’en pas douter, est un continent omnipotent. On le dit toujours et partout mais le temps n’est plus aux discours.
Sur ce continent, on ne parle qu’on agisse. Les Dirigeants sont riches en culture, d’ailleurs pourquoi pas en rhétorique. Ils captivent par leurs discours qui sont acclamés par tous. Cependant, les Africains n’ont plus les oreilles pour les écouter et n’ont plus les mains pour les applaudir. Car ils en ont tant fait.
Afrique, continent berceau de l’humanité, centre du monde, mère de toutes les grandes civilisations. Edem Kodjo avait-il raison de montrer au monde entier les potentialités du continent qu’il appelle charnellement « Afrique-mère ». Tous les Africains en sont conscients mais elles ne parviennent pas à les exploiter. Elles sont exploitées quand même par l’extérieur mettant à genou le continent africain qui, au lieu d’être serveur, est devenu quémandeur. Et pourtant, les Dirigeants africains sont des intellectuels diplômés de la Sorbonne, Bordeaux III, d’un peu de partout dans les plus célèbres universités. Mais partout, l’Afrique souffre et sombre toujours.
Remontant à la royauté, l’Afrique, selon les multiples études menées, se sentait mieux qu’aujourd’hui. Elle était bien structurée, harmonieuse, organisée. Les empires songhaï, du Mali, de Ghana pour ne citer que ceux-là faisaient la fierté africaine.
Aujourd’hui, l’Afrique n’appartient plus aux Africains et à ses Dirigeants. Cependant, on a tendance à gronder la classe dirigeante et à tout attendre d’elle. Ceux qui l’accusent, c’est-à-dire, les Dirigés, sont des citoyens et ont un devoir à accomplir. L’Afrique appartient à tous les fils de l’Afrique et tous, sans distinction d’âges, de sexes et d’ethnies doivent œuvrer à son développement endogène.
L’Afrique est loin d’être démocratique comme beaucoup de continents se le croient alors que la réalité est autre. Ensemble pour une Afrique unie et prospère !

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