Au marché de Médine, les jeunes sont nombreux à pousser de
charrettes pendant toute la journée. Tous cherchent à subvenir à leurs besoins
les plus naturels et secondaires. Ils sont presque de tous les âges. Des fois,
ils déambulent seuls. Mais on peut aussi les voir en groupe. Plusieurs d’entre
eux portent des haillons ou des habits
troués en long et large.
Bamako est devenu un lieu incontournable où chacun cherche à
remplir son ventre. Puis ça va. L’exode a gagné le cœur de plusieurs jeunes.
Ils viennent en ville espérant recevoir un bonheur sans précédent. Au marché de
Médine, ils se comptent en groupe. Ils vivent de façon misérable, à en croire
notre petite enquête menée audit marché.
Les charretiers, très jeunes, passent la nuit ensemble. Selon
Albert Guindo, un jeune charretier, ils dorment devant des magasins. Ils se
réveillent très matinalement avant l’arrivée des magasiniers. A six heures du
matin, ils prennent leurs charrettes pour la recherche de leur pitance
journalière. Par jour, ils gagnent au maximum deux mille cinq cents francs.
Avec cette somme, ils en réjouissent haut et fort. Des fois, ils ne bénéficient
que mille, mille cinq cents francs, d’après la même source.
Avec le gain, chacun s’achète à manger comme bon lui semble.
Comme les jours ne s’égalent pas, la consommation de la nourriture est aussi
variable. Selon Albert Guindo, ils peuvent dépenser, chacun par jour, 250F ou
750F dans la nourriture. « Le
travail qui nous attend quotidiennement est dur », a-t-il précisé. « Il y a plus de peine que de récompenses »,
a-t-il poursuivi. De six heures à dix-sept heures, souvent à dix-huit, ils se
décarcassent en transportant tout objet confondu. Situation leur permettant de
gagner un peu dans la journée.
Cependant, ils rencontrent des difficultés avec les
policiers. Ils les fuient dès qu’ils les aperçoivent. Quant aux causes de ces
fuites aux policiers, Albert Guindo et ses autres compagnons n’ont pas voulu
s’expliquer. Néanmoins, ils ont souri et ont préféré garder mots.
Ils ne sont pas seulement que des enfants. Parmi eux, on
dénombre des adultes. Nous leur avons posé des questions sur l’exercice de
leurs travaux journaliers. Des adultes rencontrés au même marché dont nous
taisons les noms estiment qu’ils n’ont d’autre option que de pousser des
charrettes pour trouver de quoi à survivre. Ils ajoutent que s’ils pouvaient
faire d’autres travaux que les pousse-pousse qu’ils n’hésiteraient pas à le
faire. « Nous ne sentons pas à
l’aise avec ce travail » s’est plaint un jeune d’une quinzaine
d’années. Avant d’ajouter « Si nous
pouvons laisser ce travail pénible pour entreprendre un autre plus rentable,
nous le ferons. ».
Parmi eux, certains y sont venus pour passer les vacances.
Ils y travaillent pour ne pas dépendre des parents à la rentrée des classes.
Beaucoup d’autres y séjournent pendant toute l’année. Pour cause, ils mouillent
maillots. Ils envoient de l’argent tous les mois au village. Selon un des
charretiers rencontrés, il affirme avoir envoyé
tous les mois quarante-mille francs. Un autre dit obtenir dix-mille
francs dans le mois. Il est venu en ville il y a seulement deux mois. Dès lors,
il n’a pu envoyer la moindre somme à ses parents.
Beaucoup estiment qu’ils ne vivent que dans la galère.
Toujours selon un charretier, « on
ne gagne que peu. Le gain varie. Dès fois, on peut avoir mille francs et
souvent même cinq mille francs. On n’a pas le choix». Selon eux, un
bon nombre de charretiers emmagasinent de l’argent. Objectif, après plusieurs
années, ils s’achètent des pousse-pousse tout neufs. Mais, pour ce faire, ils
font le transport de fardeaux avant de se verser dans le travail de
coupe-coupe.
« J’ai commencé à
pousser la charrette il y a seulement deux semaines » a-t-il lancé un charretier rencontré
à Hamdallaye près du Centre Islamique en commune III du District de Bamako. « Je ne gagne que mille francs ou
deux-mille cinq au maximum » a-t-il ajouté. « J’ai fait quatre ans dans ce métier », dit un autre.
De retour et après avoir gagné beaucoup d’argent, nombreux
sont ceux qui achètent des radios, des motos et autres objets. Plusieurs d’entre
eux disent être mariés.
Ces jeunes déguerpissent massivement en ville pour chercher
de l’argent et l’envoyer aux parents au village. Mais la situation ne leur est
pas favorable pour satisfaire ces besoins cruciaux. Malgré tout cela, ils
parviennent à survivre au jour le jour.
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