Recherche

mercredi 11 septembre 2013

EXODE RURAL : Les charretiers sillonnent partout aux marchés et aux abords des routes


Au marché de Médine, les jeunes sont nombreux à pousser de charrettes pendant toute la journée. Tous cherchent à subvenir à leurs besoins les plus naturels et secondaires. Ils sont presque de tous les âges. Des fois, ils déambulent seuls. Mais on peut aussi les voir en groupe. Plusieurs d’entre eux  portent des haillons ou des habits troués en long et large.


Bamako est devenu un lieu incontournable où chacun cherche à remplir son ventre. Puis ça va. L’exode a gagné le cœur de plusieurs jeunes. Ils viennent en ville espérant recevoir un bonheur sans précédent. Au marché de Médine, ils se comptent en groupe. Ils vivent de façon misérable, à en croire notre petite enquête menée audit marché.
Les charretiers, très jeunes, passent la nuit ensemble. Selon Albert Guindo, un jeune charretier, ils dorment devant des magasins. Ils se réveillent très matinalement avant l’arrivée des magasiniers. A six heures du matin, ils prennent leurs charrettes pour la recherche de leur pitance journalière. Par jour, ils gagnent au maximum deux mille cinq cents francs. Avec cette somme, ils en réjouissent haut et fort. Des fois, ils ne bénéficient que mille, mille cinq cents francs, d’après la même source.
Avec le gain, chacun s’achète à manger comme bon lui semble. Comme les jours ne s’égalent pas, la consommation de la nourriture est aussi variable. Selon Albert Guindo, ils peuvent dépenser, chacun par jour, 250F ou 750F dans la nourriture. « Le travail qui nous attend quotidiennement est dur », a-t-il précisé. « Il y a plus de peine que de récompenses », a-t-il poursuivi. De six heures à dix-sept heures, souvent à dix-huit, ils se décarcassent en transportant tout objet confondu. Situation leur permettant de gagner un peu dans la journée.
Cependant, ils rencontrent des difficultés avec les policiers. Ils les fuient dès qu’ils les aperçoivent. Quant aux causes de ces fuites aux policiers, Albert Guindo et ses autres compagnons n’ont pas voulu s’expliquer. Néanmoins, ils ont souri et ont préféré garder mots.
Ils ne sont pas seulement que des enfants. Parmi eux, on dénombre des adultes. Nous leur avons posé des questions sur l’exercice de leurs travaux journaliers. Des adultes rencontrés au même marché dont nous taisons les noms estiment qu’ils n’ont d’autre option que de pousser des charrettes pour trouver de quoi à survivre. Ils ajoutent que s’ils pouvaient faire d’autres travaux que les pousse-pousse qu’ils n’hésiteraient pas à le faire. « Nous ne sentons pas à l’aise avec ce travail » s’est plaint un jeune d’une quinzaine d’années. Avant d’ajouter « Si nous pouvons laisser ce travail pénible pour entreprendre un autre plus rentable, nous le ferons. ».
Parmi eux, certains y sont venus pour passer les vacances. Ils y travaillent pour ne pas dépendre des parents à la rentrée des classes. Beaucoup d’autres y séjournent pendant toute l’année. Pour cause, ils mouillent maillots. Ils envoient de l’argent tous les mois au village. Selon un des charretiers rencontrés, il affirme avoir envoyé  tous les mois quarante-mille francs. Un autre dit obtenir dix-mille francs dans le mois. Il est venu en ville il y a seulement deux mois. Dès lors, il n’a pu envoyer la moindre somme à ses parents.
Beaucoup estiment qu’ils ne vivent que dans la galère. Toujours selon un charretier, « on ne gagne que peu. Le gain varie. Dès fois, on peut avoir mille francs et souvent même cinq mille francs. On n’a pas le choix». Selon eux, un bon nombre de charretiers emmagasinent de l’argent. Objectif, après plusieurs années, ils s’achètent des pousse-pousse tout neufs. Mais, pour ce faire, ils font le transport de fardeaux avant de se verser dans le travail de coupe-coupe.
« J’ai commencé à pousser la charrette il y a seulement deux semaines » a-t-il lancé un charretier rencontré à Hamdallaye près du Centre Islamique en commune III du District de Bamako. « Je ne gagne que mille francs ou deux-mille cinq au maximum » a-t-il ajouté. « J’ai fait quatre ans dans ce métier », dit un autre.
De retour et après avoir gagné beaucoup d’argent, nombreux sont ceux qui achètent des radios, des motos et autres objets. Plusieurs d’entre eux disent être mariés. 
Ces jeunes déguerpissent massivement en ville pour chercher de l’argent et l’envoyer aux parents au village. Mais la situation ne leur est pas favorable pour satisfaire ces besoins cruciaux. Malgré tout cela, ils parviennent à survivre au jour le jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire