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jeudi 6 février 2014

CONFERENCE-DEBAT A LA FKA : M. Bomberg et Mme Kunz sur la dictature stasi en ex-RDA


Dr. Karl Heinz Bomberg, médecin et chansonnier et Mme Erika Kunz ont animé une conférence-débat, lundi 3 février, à la Fondation Konrad Adenauer (FKA) de Dakar. Le premier a présenté les moments les plus sombres de la dictature stasi (police politique-1950-1989) en République Démocratique de l’Allemagne (RDA) et les mécanismes ayant causé des dommages psychologiques de longue durée chez les victimes. Quant à la seconde conférencière, elle a parlé des traumatismes politiques des femmes turques.

 ‘’Les Plaies invisibles : où est ce que le passé nous rattrape ? Effets tardifs de la répression politique en ex-RDA’’, tel était le thème. Les deux conférenciers s’exprimaient en allemand. Les textes étaient traduits par Mme Ute Bocandé, Adjointe à la Représentante Résidente de la Fondation Konrad Adenauer (FKA).
Le débat a tourné autour de la question en quelle mesure un régime oppressif peut conditionner la psychologie des victimes pendant mais aussi de longues années après son existence.
‘’Les Plaies invisibles’’ sont des chansons de Karl Heinz Bomberg. Elles appellent, selon lui, à la vigilance contre toute forme d’oppression et au respect de la dignité des victimes.
A en croire M. Bomberg, la manipulation de la personnalité des individus par les tenants du pouvoir de l’époque a causé de graves troubles et dommages psychologiques des victimes. L’ex RDA devient sous les yeux du médecin et chansonnier synonyme « d’une vie limitée et emmurée ». Les moyens d’oppression pour le régime en place étaient multiples. Ils étaient, d’après M. Bomberg, d’ordre existentiel, psychologique et moral.

« Les victimes traumatisées refoulent la plupart du temps leurs « blessures » psychiques : rien n’apparaît pendant des années ou des décennies, jusqu’à ce que la survenue d’une nouvelle épreuve psychique provoque alors une décompensation ; ou bien ces personnes consultent un spécialiste après l’autre pour des problèmes psychosomatique, sans pouvoir être véritablement aidés », a expliqué le médecin et psychothérapeute allemand.

Pour le nombre de personnes incarcérés sous des prétextes insignifiants, selon lui, est estimé à trois cent mille entre 1945 et 1989. « A ce nombre s’ajoutent les personnes non incarcérées mais poursuivies et espionnées par le régime », a-t-il précisé.
« Trois cent mille personnes, a-t-il dit, présenteraient des troubles dus à ces persécutions, qu’ils aient ou non été en prison. » Avant de déplorer que « Cent mille personnes entre eux souffriraient aujourd’hui encore de dépression ou de syndrome post-traumatique ou d’angoisse ».
Erika Kunz a exposé sur les traumatismes liés aux agressions sexuelles, aux angoisses. Ils sont aussi attachés aux maladies, aux cauchemars, à la peur, au doute. Les femmes victimes connaissent des expériences sexuelles. Celles-ci provoquent, selon elle, leur exclusion de leurs familles. « Beaucoup de familles turques ont été déchirées », a-t-il fait savoir.

La conférence a pris fin avec deux chansons tirées des ‘’Plaies invisibles’’ (Tu m’as amené une petite lumière et L’interrogatoire) de M. Bomberg. Ce médecin et chansonnier a été incarcéré pendant plusieurs mois en ex-RDA. Ses chansons contestataires dans les églises ont été qualifiées de « provocations hostiles envers l’Etat » par le service de sécurité de l’Etat stasi. Il ne cesse de chanter ses ‘’plaies invisibles’’ en Allemagne et dans le reste du monde. 

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