Dr. Karl Heinz Bomberg, médecin et chansonnier et Mme Erika Kunz ont
animé une conférence-débat, lundi 3 février, à la Fondation Konrad Adenauer
(FKA) de Dakar. Le premier a présenté les moments les plus sombres de la
dictature stasi (police politique-1950-1989) en République Démocratique de
l’Allemagne (RDA) et les mécanismes ayant causé des dommages psychologiques de
longue durée chez les victimes. Quant à la seconde conférencière, elle a parlé
des traumatismes politiques des femmes turques.
‘’Les Plaies invisibles : où est ce que
le passé nous rattrape ? Effets tardifs de la répression politique en
ex-RDA’’, tel était le thème. Les deux conférenciers s’exprimaient en allemand.
Les textes étaient traduits par Mme Ute Bocandé, Adjointe à la Représentante
Résidente de la Fondation Konrad Adenauer (FKA).
Le débat a tourné autour de la
question en quelle mesure un régime oppressif peut conditionner la psychologie
des victimes pendant mais aussi de longues années après son existence.
‘’Les Plaies invisibles’’ sont des
chansons de Karl Heinz Bomberg. Elles appellent, selon lui, à la vigilance
contre toute forme d’oppression et au respect de la dignité des victimes.
A en croire M. Bomberg, la
manipulation de la personnalité des individus par les tenants du pouvoir de
l’époque a causé de graves troubles et dommages psychologiques des victimes.
L’ex RDA devient sous les yeux du médecin et chansonnier synonyme « d’une vie limitée et emmurée ».
Les moyens d’oppression pour le régime en place étaient multiples. Ils étaient,
d’après M. Bomberg, d’ordre existentiel, psychologique et moral.
« Les victimes traumatisées refoulent la plupart du temps leurs
« blessures » psychiques : rien n’apparaît pendant des années ou
des décennies, jusqu’à ce que la survenue d’une nouvelle épreuve psychique
provoque alors une décompensation ; ou bien ces personnes consultent un
spécialiste après l’autre pour des problèmes psychosomatique, sans pouvoir être
véritablement aidés », a expliqué le médecin et psychothérapeute allemand.
Pour le nombre de personnes
incarcérés sous des prétextes insignifiants, selon lui, est estimé à trois cent
mille entre 1945 et 1989. « A ce
nombre s’ajoutent les personnes non incarcérées mais poursuivies et espionnées
par le régime », a-t-il précisé.
« Trois cent mille personnes, a-t-il dit, présenteraient
des troubles dus à ces persécutions, qu’ils aient ou non été en prison. » Avant
de déplorer que « Cent mille
personnes entre eux souffriraient aujourd’hui encore de dépression ou de
syndrome post-traumatique ou d’angoisse ».
Erika Kunz a exposé sur les
traumatismes liés aux agressions sexuelles, aux angoisses. Ils sont aussi
attachés aux maladies, aux cauchemars, à la peur, au doute. Les femmes victimes
connaissent des expériences sexuelles. Celles-ci provoquent, selon elle, leur
exclusion de leurs familles. « Beaucoup
de familles turques ont été déchirées », a-t-il fait savoir.
La
conférence a pris fin avec deux chansons tirées des ‘’Plaies invisibles’’ (Tu
m’as amené une petite lumière et L’interrogatoire) de M. Bomberg. Ce médecin et
chansonnier a été incarcéré pendant plusieurs mois en ex-RDA. Ses chansons contestataires
dans les églises ont été qualifiées de « provocations
hostiles envers l’Etat » par le service de sécurité de l’Etat stasi.
Il ne cesse de chanter ses ‘’plaies invisibles’’ en Allemagne et dans le reste
du monde.
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