«Va, viens et deviens »,
tel a été l’intitulé du film projeté, jeudi dernier, dans la salle de
conférence de la Fondation Konrad Adenauer (FKA), situé à Mermoz (Dakar) dans
le cadre de son traditionnel programme de cinéclub. Réalisé par Radu
Mihaileanu, ce film de deux heures et trente minutes relate l’histoire d’un
petit enfant de neuf ans, Salamon quittant sa mère sous risque d’être frappé
par la famine et la mort.
Le cinéclub a recueilli boursiers,
nouveaux et anciens boursiers de la fondation, journalistes, acteurs de la
société civile au Sénégal et autres invités autour du film de Radu Mihaileanu,
réalisateur français d’origine romaine et juive. Les cinéphiles ont découvert une production
qui leur a tenu haleine du début jusqu’à la fin avec beaucoup d’émotions.
« Va, vis et deviens » raconte la situation en 1984 de certains pays africains
frappés par la famine. Laquelle situation a poussé Israël et les Etats-Unis de
venir au secours des Juifs d’Ethiopie.
Au début, les spectateurs sont dirigés
dans un vaste camp de réfugiés. Des tentes établies, des individus en détresse,
ils sentent tout un air de fatigue, de misère sur ces premières images.
Aussitôt apparaît une mère portant une tenue blanche, voile à la tête. Elle
ordonne à son enfant avec un ton impuissant d’aller, de la quitter. Une
séparation qui ne peut être que douloureuse. Salamon, âgé de neuf ans, se jette
dans les bras de sa maman. Il pleure, chose qui ne plaît pas à cette derrière. « Ne pleure pas, tu es un homme »,
lisent les spectateurs sur le petit écran.
De religion chrétienne, Salamon,
après s’être séparé de sa mère, arrive en Israël, pays à majorité juive. Quelle
solution pour pouvoir suivre sans haine religieuse ? Il se déclare Juif et
orphelin. Il est ainsi adopté par une famille française. Dans celle-ci, il se
sent très gêné au début. Son visage devient serré. Il est rare de l’entendre
parler. Il n’aime que se battre avec les camarades. Il grandit alors dans une
société avec une différence de peau. Ce qui lui vaut des fois des railleries de
la part de ses camarades de classe. Son premier jour d’école, après s’être
assis, un de ses camarades touche à sa peau en guise de moquerie très étonné de
voir un enfant noir.
Sa présence pousse plusieurs parents
d’élèves à annoncer le retrait de leurs enfants de l’école que le jeune Salamon
fréquente. Sa mère adoptive, dépassée par ce fait, se fait entendre au milieu
des élèves blancs.
Salamon grandit ainsi dans la douleur
liée à sa peau dans une société blanche. Il découvre l’amour. Il établit une
relation amoureuse avec une camarade blanche. Il est détesté par le père de
cette fille. Il ne souhaite pas le voir avec son enfant. Invité à
l’anniversaire de celle-ci, très bien cravaté sur un costume dans le lequel il
peut nager, il se fait renvoyer à la porte, cadeau en main, par le père de sa
bien-aimée. La même nuit, la fille vient le voir jusque chez lui. Satisfaction,
c’est sa première fois d’embrasser une fille. Il se sent maintenant plus à
l’aise. Les deux continuent leurs relations jusqu'à devenir père et mère d’un
superbe garçon.
Le jeune homme chrétien, qui a quitté
sa maman dans la douleur, après avoir côtoyé la culture occidentale, la judaïté
et subir le racisme, finit par devenir un médecin. Il regagne ainsi ses sources
en Ethiopie. Il retrouve une maman qu’il a laissée avec son jeune âge devenue
très vieille. Il l’embrasse fort. Il pense aussi à sa dulcinée et son enfant
auxquels il téléphone.
Après plus de deux heures, la
projection a été applaudie par l’ensemble des cinéphiles de différents âges.
Les échanges sur le contenu et les messages que le film a voulu véhiculer entre
les invités ont mis fin à la rencontre. Plusieurs intervenants ont entre autres
mis en évidence la séparation douloureuse avec la maman, l’amour que celle-ci a
pour son enfant, la paix, la cohabitation entre les religions et les races.
Le prochain cinéclub est fixé au
dernier jeudi du mois de mars prochain.
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