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vendredi 16 mai 2014

CHEMIN DE CROIX: Pas de viande! Seul le Seigneur dans nos coeurs

Les étudiants catholiques de la Paroisse universitaire Saint-Dominique se souviennent des exploits de leur Christ. A deux jours de la fête de Pâques, ils ont réaffirmé leur attachement à leur Sauveur en sacrifiant deux heures de marche. )

Un vendredi pas comme les autres. C’est le Vendredi saint. L’atmosphère est sereine dans le couloir de la mort de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un calme de deuil s’y installe. De loin, le passant est pris par un sentiment de peur. La route de l’Université, connue sous le nom du couloir de la mort est occupée par un groupe. Les voitures s’arrêtent. D’autres font le tour pour vaquer à leurs occupations. Pour les piétons, il est difficile de trouver une voie. Un petit espace devant le mur du campus leur sert de passage.
Proche, deux véhicules sont devant la foule. Le premier de marque Suzuki 4X4 transporte les baffles de sonorisation. Le second est vide. A côté de ces engins, un homme tient une grosse croix en bois. Il la soulève. Il est habillé en chemise wax rouge bâti dans un jean bleu. De teint noir et d’une taille imposante, il fait face à tous les autres placés devant lui. A quelques mètres près, se trouvent quatre personnes portant toutes la même tenue. Vêtues de blanc, elles représentent les prêtres. Ceux-ci tiennent chacun un livre. C’est la Bible. Derrière eux, une foule immense obéit calmement et écoute religieusement les mots du principal Prêtre.
Beaucoup d’étudiants s’étonnent à la première vue de ce groupe. Ils s’interrogent sur ce que cela peut signifier. « C’est quoi encore ça ? », se demande cet étudiant au nom de Abdoulaye Ndoye portant un képi noir et un sac à dos. Il regarde longtemps cette foule. Il demande finalement à son ami qui l’accompagne. Ce dernier ignore aussi la scène. « Je viens de voir comme toi », lui répond-il.
Plus loin, cet étudiant en Sciences politiques et juridiques de l’Université Cheikh Anta Diop a une réponse à sa satisfaction. « C’est la marche de la passion du Christ », lui dit un jeune participant, croix sur la poitrine. Ce rendez-vous est un moment de souvenir pour les Chrétiens catholiques. « Cette marche de la passion est célébrée le dernier vendredi avant le dimanche de Pâques. Elle marque le jour de la crucifixion et de la mort du Christ », explique cet étudiant et fidèle de la paroisse universitaire Saint-Dominique, située dans l’avenue Cheikh Anta Diop.

Le son des baffles résonne modérément. Le prêtre lit la Bible le parcours extraordinaire de Jésus Christ. Les fidèles catholiques sont arrêtés. Au refrain, ils répondent ensemble en chœur. Derrière eux, deux policiers veillent à la sécurité. Ils portent des casques noirs. Un pistolet est placé à leur hanche. Au moment où les autres se concentrent sur la lecture, ces forces de l’ordre échangent de petits mots.

Petite marche. Beaucoup d’arrêts. A la fin de chaque chapitre dans la Bible sur le chemin parcouru par le Christ, le groupe s’arrête. Ils se courbent en chantant en chœur le refrain. Plusieurs personnes tiennent aussi des livres. Elles lisent simultanément avec le prêtre. Certains participants sont assis sur des pierres. Brusquement, tout le monde s’agenouille. Silence de mort. Ils se relèvent et continuent le chemin. « Si nous nous agenouillons, c’est pour prier et implorer Jésus Christ, notre Seigneur », explique Antoine Monteo, étudiant à la faculté des Sciences économiques de l’Université Cheikh Anta Diop. «Participer à cette marche consiste pour moi à réaffirmer ma foi au Christ. C’est dur mais je le fais », souligne-t-il la croix en chaine bien placée sur sa poitrine. « Nous donnons remercier le Seigneur de nous avoir donné la vie. C’est l’objet de ma présence aujourd’hui », ajoute-il avec un ton obéissant.  Dans cette foule, certains pleurent en écoutant le parcours du Seigneur Jésus Christ.

Sur le goudron, les arrêts sont marqués. Ces derniers sont tracés en blanc. A tous les arrêts, se trouvent inscrits la croix. Au dessous de cela, les chiffres en romain sont indiqués. « Il y a quatorze arrêts en tout. C’est le Chemin de croix que nous représentons. A chaque arrêt, nous formulons des prières », précise Grégoire Sarr, Président de la Jeunesse Etudiante Catholique (JEC). Ce jeune étudiant de vingt-neuf ans dirige cette organisation depuis deux ans. « Nous avons commencé la marche du chemin de la passion du Christ à 15 heures précises », affirme-t-il. « Elle dure deux heures en tout », ajoute-il.
Après deux heures de marches avec des prières et des évocations du parcours de Jésus Christ, les jeunes Catholiques arrivent enfin au quatorzième et dernier arrêt. Pendant tout ce temps, Adrien Sakho, doctorant en Lettres modernes suivait les fidèles avec sa voiture. Habillé en tee shirt rouge avec un jean rouge et un képi rouge sur sa tête, il a participé à toute la marche. « Jésus vit en chaque Chrétien. Le Seigneur est ce qui m’est de plus cher », dit-il. Une grosse croix figure sur le dos de son maillot.

La fin arrive. Le dernier arrêt vient d’être franchi. Une fois devant la Librairie Claire Afrique, plus de sons, de chansons ne résonnent. De loin en sautant le regard sur les murs du campus social de l’université, plusieurs étudiants regardent d’en haut dans leurs balcons l’avancée des jeunes Catholiques. C’est la stupéfaction car ce phénomène ne se produit pas tous les jours.
Pour traverser la route et rentrer dans la Paroisse universitaire Saint-Dominique, tous les véhicules sont arrêtés par les policiers. « Vite pour libérer la voie », s’écrie ce policier installé au milieu de la route principale de l’avenue Cheikh Anta Diop. Les jeunes Catholiques de l’Ucad se suivent, se bousculent pour regagner les places dans l’église où doit se tenir le reste de la commémoration de la crucifixion et de la mort du Christ.



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