Beaucoup
de jeunes se divertissent en jouant au football de table. Ils y parient et se
procurent un gain. Joie pour les uns, colère pour les autres.
Il
est dimanche à ce quartier populeux de Dakar (Médina). Le froid se fait sentir en ce début de soirée à la rue 2,
angle 32 non loin de l’usine de glace et face au marché de Gueule Tapée (Dakar). Le soleil s’éloigne des regards et a hâte de se
cacher. Tous les coins s’animent. Ce qui
frappe le passant et ne le rend pas indifférent au bruit. Partout, les couleurs
blanc-rouge règnent en maître. Les ficelles rouges sont suspendues aux poteaux
électriques. Elles renvoient aux couleurs de l’équipe de la Médina, Association
sportive club (ASC) Damels. Sur les routes goudronnées, le symbole de ce club
de jeunes-Le lion-est dessiné.
Devant
une maison, trois voitures de marques Land Cruser sont garées. Non loin, trois
baby-foot en bois sont installés. Ils sont peints en noir. Devant eux, les
jeunes s’organisent en des groupes. Ils jouent au baby foot. Ce jeu de football
à table fait gagner beaucoup de jeunes gens. Ils y parient avec des sommes
variées. Ils sont nombreux à s’intéresser à cette pratique. Il est difficile
pour certains de trouver place à cause du nombre élevé de personnes. Ibrahima
est placé à côté. Habillé en chemise noire sur un pantalon sale, il attend son
tour de jeu. « On appelle ce plaisir
« perpè kate », dit-il en souriant.
En
même temps, deux personnes s’affrontent. Cinq balles les opposent. Ils ont
engagé chacun deux mille francs. A côté, l’arbitre tenant les sous (4.000 FCFA)
supervise le match. Il est imposant de par sa taille. Cheveux crépus, nez
épaté, il veille à l’application du consensus de départ. « Chacun est obligé de respecter les lois du jeu quand il est
vaincu, il doit accepter sa défaite. Si une personne vaincue a envie de
rejouer, elle doit être attendre le prochain tour», précise-t-il.
Les
deux joueurs se concentrent sous les yeux vigilants des spectateurs. Plus de
dix minutes passées, les bruits des figurines se font entendre. Le match est
très serré. Quinze minutes, les deux adversaires sont à égalité : deux à
deux. Il ne reste qu’une seule balle, celle de la victoire. Après un
face-à-face très tendu, Cheikh Ndiaye, un jeune de 23 ans l’emporte. Il crie
après son troisième but. Il est content et tend sa main à l’arbitre. « Djokma massa khalise (Rends-moi mon
argent) », s’écrie-t-il.
Cheikh
Ndiaye est doué au baby-foot. Selon ses proches, il n’a d’autre dessein que de
jouer tous les jours en pariant. « Je
le connais bien. Je n’accepte jamais de jouer contre lui. Je sais que c’est
difficile de le battre », affirme un ses amis. Après avoir remporté
cette victoire sur son adversaire, les autres joueurs décident de l’écarter.
Ils trouvent tous qu’il a assez gagné. Cheikh Ndiaye se met à côté. Depuis le
matin, il joue et n’a jamais été vaincu. Ecarté par ses amis, il sort de la
poche de son jean bleu tout l’argent qu’il a obtenu. Il compte les billets en
grand nombre. On y voit beaucoup de billets de mille et de deux milles francs. « J’ai appris à jouer au baby-foot
depuis 2003. J’ai beaucoup perdu en mes débuts. Mais aujourd’hui, il est
difficile de me battre. Dans une seule journée, je peux gagner plus de sept
mille francs », informe-t-il. « J’éprouve
du plaisir en jouant. C’est devenu mon loisir préféré. Sans le baby, je ne suis
pas à l’aise », ajoute-t-il.
A
l’autre extrémité, les vieux se sont donné rendez-vous. Ils sont assis devant
un salon de coiffure. Ils jouent aux cartes. Ils bruissent partout. Toute leur
attention est portée sur les cartes. Tout
d’un coup, certains crient. C’est une victoire qu’ils viennent de récolter. « Tous les dimanches, nous
nous rencontrons ici pour jouer aux cartes. De la même façon que nous tirons du
goût dans le jeu de cartes, les enfants tirent du plaisir dans ce jeu de baby
foot. C’est un moyen pour certains de gagner de l’argent. C’est l’argent
facile. Mais, il faut que ce jeu peut provoquer chez certains le sentiment de voler
pour venir jouer », souligne Souleymane Ndiaye. Il
porte un bonnet rouge et des lunettes noires. Il est à la retraite d’il y a
cinq ans.
A
quelques mètres, un kiosque est ouvert. On y vend du pain et du thon. Quelques
enfants et vieilles personnes forment une longue file pour percevoir leurs
commandes. Ils attentent d’être servis par Kalifa Ndour, vendeur. Celui-ci est habillé
en maillot blanc de l’équipe nationale de football du Sénégal. Un képi est bien
placé sur sa tête. Il camoufle son crâne. Khalifa Ndour se réveille tous les
jours à quatre heures pour aller à ses services. Il ouvre son petit kiosque à
six heures. « Ce que les enfants
font tous les dimanche me rend perplexe. Jouer au baby est une distraction mais
parier est exagéré par eux » dit-il en enlevant son petit képi
toujours fidèle.
Un
hangar se situe à l’est. Il est placé près d’une boutique bien achalandée. En
ce lieu, on vend du thiakry. Sur une table, deux baignoires en plastiques
contiennent le lait. En bas, plusieurs sachets de couscous sont posés. A côté
du vendeur, ce jeune homme, de teint clair, s’essaie au jeu pour gagner de
l’argent. « Des fois, si j’ai besoin
de l’argent, je pars jouer avec des gens que je peux espérer battre. A force
d’être cupide souvent, je perds ce que j’ai
entre les mains », souligne-t-il.
De
près, trois menuisiers sont en train de travailler. Ils confectionnent des
lits, fauteuils et chaises. « Ces
jeunes sont obnubilés par le jeu de baby-foot. Ils passent toute la journée en
train de crier, de se battre », explique Moussa Dieng, menuisier-chef
assis devant un fauteuil en fabrication pinces en main.
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