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mardi 13 mai 2014

Paris au Baby-Foot à la Médina: un jeu pour se faire de l'argent de poche

Beaucoup de jeunes se divertissent en jouant au football de table. Ils y parient et se procurent un gain. Joie pour les uns, colère pour les autres.

Il est dimanche à ce quartier populeux de Dakar (Médina). Le froid se fait sentir en ce début de soirée à la rue 2, angle 32 non loin de l’usine de glace et face au marché de Gueule Tapée (Dakar). Le  soleil s’éloigne des regards et a hâte de se cacher.  Tous les coins s’animent. Ce qui frappe le passant et ne le rend pas indifférent au bruit. Partout, les couleurs blanc-rouge règnent en maître. Les ficelles rouges sont suspendues aux poteaux électriques. Elles renvoient aux couleurs de l’équipe de la Médina, Association sportive club (ASC) Damels. Sur les routes goudronnées, le symbole de ce club de jeunes-Le lion-est dessiné.

Devant une maison, trois voitures de marques Land Cruser sont garées. Non loin, trois baby-foot en bois sont installés. Ils sont peints en noir. Devant eux, les jeunes s’organisent en des groupes. Ils jouent au baby foot. Ce jeu de football à table fait gagner beaucoup de jeunes gens. Ils y parient avec des sommes variées. Ils sont nombreux à s’intéresser à cette pratique. Il est difficile pour certains de trouver place à cause du nombre élevé de personnes. Ibrahima est placé à côté. Habillé en chemise noire sur un pantalon sale, il attend son tour de jeu. « On appelle ce plaisir « perpè kate », dit-il en souriant.

En même temps, deux personnes s’affrontent. Cinq balles les opposent. Ils ont engagé chacun deux mille francs. A côté, l’arbitre tenant les sous (4.000 FCFA) supervise le match. Il est imposant de par sa taille. Cheveux crépus, nez épaté, il veille à l’application du consensus de départ. « Chacun est obligé de respecter les lois du jeu quand il est vaincu, il doit accepter sa défaite. Si une personne vaincue a envie de rejouer, elle doit être attendre le prochain tour», précise-t-il.

Les deux joueurs se concentrent sous les yeux vigilants des spectateurs. Plus de dix minutes passées, les bruits des figurines se font entendre. Le match est très serré. Quinze minutes, les deux adversaires sont à égalité : deux à deux. Il ne reste qu’une seule balle, celle de la victoire. Après un face-à-face très tendu, Cheikh Ndiaye, un jeune de 23 ans l’emporte. Il crie après son troisième but. Il est content et tend sa main à l’arbitre. « Djokma massa khalise (Rends-moi mon argent) », s’écrie-t-il.

Cheikh Ndiaye est doué au baby-foot. Selon ses proches, il n’a d’autre dessein que de jouer tous les jours en pariant. « Je le connais bien. Je n’accepte jamais de jouer contre lui. Je sais que c’est difficile de le battre », affirme un ses amis. Après avoir remporté cette victoire sur son adversaire, les autres joueurs décident de l’écarter. Ils trouvent tous qu’il a assez gagné. Cheikh Ndiaye se met à côté. Depuis le matin, il joue et n’a jamais été vaincu. Ecarté par ses amis, il sort de la poche de son jean bleu tout l’argent qu’il a obtenu. Il compte les billets en grand nombre. On y voit beaucoup de billets de mille et de deux milles francs. « J’ai appris à jouer au baby-foot depuis 2003. J’ai beaucoup perdu en mes débuts. Mais aujourd’hui, il est difficile de me battre. Dans une seule journée, je peux gagner plus de sept mille francs », informe-t-il. « J’éprouve du plaisir en jouant. C’est devenu mon loisir préféré. Sans le baby, je ne suis pas à l’aise », ajoute-t-il.

A l’autre extrémité, les vieux se sont donné rendez-vous. Ils sont assis devant un salon de coiffure. Ils jouent aux cartes. Ils bruissent partout. Toute leur attention est portée  sur les cartes. Tout d’un coup, certains crient. C’est une victoire qu’ils viennent de récolter. « Tous les dimanches, nous nous rencontrons ici pour jouer aux cartes. De la même façon que nous tirons du goût dans le jeu de cartes, les enfants tirent du plaisir dans ce jeu de baby foot. C’est un moyen pour certains de gagner de l’argent. C’est l’argent facile. Mais, il faut que ce jeu peut provoquer chez certains le sentiment de voler pour venir jouer », souligne Souleymane Ndiaye. Il porte un bonnet rouge et des lunettes noires. Il est à la retraite d’il y a cinq ans.

A quelques mètres, un kiosque est ouvert. On y vend du pain et du thon. Quelques enfants et vieilles personnes forment une longue file pour percevoir leurs commandes. Ils attentent d’être servis par Kalifa Ndour, vendeur. Celui-ci est habillé en maillot blanc de l’équipe nationale de football du Sénégal. Un képi est bien placé sur sa tête. Il camoufle son crâne. Khalifa Ndour se réveille tous les jours à quatre heures pour aller à ses services. Il ouvre son petit kiosque à six heures. « Ce que les enfants font tous les dimanche me rend perplexe. Jouer au baby est une distraction mais parier est exagéré par eux » dit-il en enlevant son petit képi toujours fidèle.  

Un hangar se situe à l’est. Il est placé près d’une boutique bien achalandée. En ce lieu, on vend du thiakry. Sur une table, deux baignoires en plastiques contiennent le lait. En bas, plusieurs sachets de couscous sont posés. A côté du vendeur, ce jeune homme, de teint clair, s’essaie au jeu pour gagner de l’argent. « Des fois, si j’ai besoin de l’argent, je pars jouer avec des gens que je peux espérer battre. A force d’être cupide souvent, je perds ce  que j’ai entre les mains », souligne-t-il.  

De près, trois menuisiers sont en train de travailler. Ils confectionnent des lits, fauteuils et chaises. « Ces jeunes sont obnubilés par le jeu de baby-foot. Ils passent toute la journée en train de crier, de se battre », explique Moussa Dieng, menuisier-chef assis devant un fauteuil en fabrication pinces en main.  

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